Politiser la lutte contre les violences sexuelles : une réponse collective nécessaire

En cette Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, il est essentiel de remettre en cause l’injonction à la résilience individuelle qui pèse trop souvent sur les victimes. La résilience, aussi valorisée soit-elle, risque de masquer les responsabilités institutionnelles et systémiques qui perpétuent les violences sexuelles. À travers des œuvres littéraires, des combats judiciaires et des approches thérapeutiques féministes, des voix s’élèvent pour dénoncer l’insuffisance des réponses apportées à ces traumatismes.

Triste Tigre : un refus de l'injonction à la résilience

Dans Triste Tigre, Neige Sinno raconte l’inceste qu’elle a subi, sans chercher à en faire un récit de dépassement ou de reconstruction héroïque. Elle montre à quel point ces violences, perpétrées par son beau-père, s’inscrivent dans une structure où la société, la justice, et parfois même les proches, échouent à protéger les victimes.

Neige remet en cause l'idée selon laquelle il incombe aux victimes de "guérir" ou de "transformer leur douleur". Ce n’est pas aux individus de porter seul.e.s le poids de cette reconstruction : c’est aux institutions de reconnaître leur rôle dans la perpétuation des violences, que ce soit par leur indifférence, leur lenteur, ou leur tendance à invisibiliser les récits des victimes. Par sa démarche littéraire, elle déplace le regard : la faute et la responsabilité ne sont pas celles des victimes, mais bien des structures qui tolèrent ces actes.

Gisèle Pélicot : changer la honte de camp

Le procès de Gisèle Pélicot, marqué par la condamnation de son ex-mari Dominique Pélicot à 20 ans de prison, illustre à quel point ces violences sont enracinées dans une culture patriarcale de déni. Dominique Pélicot a orchestré pendant une décennie des viols sous soumission chimique, transformant son épouse en objet, tout en trouvant des complices prêts à participer à ces actes.

Gisèle a choisi de rendre le procès public pour faire basculer la honte : celle-ci doit peser sur les agresseurs et sur une société complice par son silence. Ce procès est une illustration du besoin de justice réparatrice : une justice qui, au-delà des verdicts, reconnaît les traumatismes et leurs racines systémiques.

Politiser le bien-être : des outils féministes pour réparer et résister

Dans son essai Politiser le bien-être, Camille Teste rappelle que la réparation individuelle ne peut être dissociée d’un changement collectif. Soigner les victimes ne signifie pas seulement guérir leurs blessures : cela implique aussi de dénoncer les systèmes qui rendent ces blessures possibles.

C’est dans cet esprit que s’inscrit la méthode RE.NA.I.TR.E®, que je pratique dans mon cabinet après avoir été formée par Laura Jouvert à Paris. Inspirée de l’EMDR, cette méthode permet d’accompagner les personnes ayant vécu des traumatismes émotionnels profonds, en travaillant à la fois sur les dimensions narratives et émotionnelles. Elle aide à déconstruire les croyances imposées par des expériences de domination ou de violence, tout en permettant une réappropriation de soi.

Cependant, cette approche thérapeutique ne cherche pas à effacer les blessures ni à transformer les survivantes en héroïnes de leur propre résilience. Elle reconnaît que le traumatisme ne se guérit pas "seul", ni dans le silence. Il est inscrit dans une réalité politique et sociale que l’accompagnement thérapeutique ne peut ignorer.

Un combat collectif pour briser le cycle

Qu’il s’agisse des récits de Neige Sino, du combat judiciaire de Gisèle Pélicot, ou des outils thérapeutiques féministes, tous ces efforts convergent vers une même idée : il est temps que la société arrête de demander aux victimes de "se relever seules". Les violences sexuelles ne sont pas que des drames personnels ; elles sont le produit d’un système qui les rend possibles, puis invisibles. En cette journée de lutte, politisons la réparation : soutenons les survivantes, exigeons des institutions qu’elles changent, et faisons de la thérapie un espace de résistance et de reconstruction collective.

Si vous avez d’autres question, n’hésitez pas à nous contacter.

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